Dragon Ball

💥🐉 Génie incompris. Akira Toriyama a créé un monde hybride entre conte bouddhiste, space fantasy et art martial. Polémique en France, ce manga de 1984 est devenu culte avec +300 millions de ventes.

C’est l’histoire de Son Goku, un petit garçon à queue de singe passionné d’arts martiaux, qui part à la recherche des sept boules de cristal, pour invoquer un dragon qui exauce les vœux. Au fil du temps, sa quête devient une fresque intergalactique mêlant récit initiatique, combats épiques et métamorphoses surpuissantes.

Manga (1984-1995), dessins animés (1986-2018), films, jeux vidéo – à partir de 9 ans.

Origine : Japon 🇯🇵

Un mot sur l’univers

Dragon Ball.

Né de l’imaginaire de l’illustrateur de génie Akira Toriyama, auteur d’un premier manga à succès appelé Dr Slump (35 millions de ventes), ce monde prend une dimension inédite pour un Shōnen (manga pour adolescents) dès 1984.

L’accueil a été fou, et passionné.

Dragon Ball s’inspire (très) librement du conte classique chinois Le Voyage en Occident, il a été publié dans la revue hebdomadaire Weekly Shōnen Jump au Japon. Son succès a été instantané, et persistant. Plus de 300 millions de mangas ont été vendus en 40 ans, avec des adaptations sous toutes les formes. Devenu multi-milliardaire, mangaka auréolé de gloire, Toriyama est décédé en 2024.

L’histoire de Dragon Ball commençait avec une candeur qu’on peut qualifier de pipi caca. Goku, petit enfant sauvage, avatar du roi singe (Son Wukong en chinois), apprend à vivre dans un monde hors du temps, avec des dinosaures, des robots, des capsules technologiques qui côtoient des dragons millénaires, des reptiliens en short et des bikinis. L’univers a été conçu pour rigoler, avec une grande légèreté.

Mais le premier métier de l’auteur étant publicitaire, il développa un style graphique de plus en plus direct et narratif. D’abord naïf, le récit devient épique, le dessin plus anguleux et spectaculaire, ce qui a facilité la transmission de l’univers en Europe et particulièrement en France, où il a défrayé la chronique. L’oeuvre a fini par devenir culte.

Ce qu’on ignore souvent, c’est que les calembours et l’auto dérision de l’univers ont souvent été évacués en Occident. Pour un lecteur japonais, Dragon Ball, c’est drôle.

🥕Le nom des personnages donne une dimension pastiche à tout le récit. Goku se prénomme Kakarot, son frère Raditz et avec son compère Végéta, tous les saiyens portent en fait des noms de légumes. Namek signifie limace, et les noms des habitants sont des versions d’escargots. Le personnage de Bulma, qui évoque le minishort en japonais, donne naissance à Trunks, le caleçon en anglais. Les jeux de mots sont donc omniprésents, ce qui contraste avec la débauche de puissance et d’art martiaux que l’on retient d’abord.

L’histoire évolue au fil des arcs : d’un monde sauvage et minimaliste, on glisse vers une épopée aux enjeux cosmiques. Chaque planète, chaque peuple, chaque transformation incarne une variation sur le thème de l’apprentissage et du dépassement de soi.

Dans Dragon Ball, Goku se marie, il devient père, puis grand père et ses fils Gohan et Goten deviennent parents à leur tour. La galerie de personnages s’étend et chaque lecteur ou spectateur peut s’approprier sa figure favorite, masculine ou féminine, amie ou ennemie. Car Dragon Ball, c’est surtout un monde de personnages, conçu par un génie du character design.

Genre : Shōnen, Nekketsu, Action, Space Fantasy
Thèmes : Performance, Volonté, Puissance, Dépassement de soi.

L'arrivée des Z Fighters aux Cell Games- Dragon Ball, Chapitre 395.

Le monde en musique

🎼 Le tout premier générique de Dragon Ball, Makafushigi Adventure, date de 1986 au Japon, il évoque la légèreté enfantine de la première saga. Puis viennent des hymnes épiques comme Cha-La Head-Cha-La, devenu emblématique pour DBZ. C’est celui-ci que je vous partage ci dessous, le plus “sportif” ! Certains s’en souviendront peut-être.

Mais pour les nostalgiques des années 90 en France, on peut aussi réécouter la version “Ariane” du Club Dorothée de Dragon Ball Z, aussi appelée zèdeuzèdeuzèd. Une différence d’esthétique qui annonce assez bien le “malentendu” français.

Le succès de l’œuvre

Dragon Ball est le deuxième manga le plus vendu de l’histoire, après One Piece.

Il a été publié au Japon par Shūeisha en 42 volumes reliés de 1985 à 1995. Glénat publie l'édition française depuis février 1993. Une vraie mine d’or pour l’éditeur.

La partie de l’oeuvre la plus vaste en nombre d’arcs narratifs, c’est Dragon Ball Z, avant des suites moins prisées telles que Dragon Ball GT, Super et Daima.

Dragon Ball (DB) et Dragon Ball Z (DBZ) sont unanimement considérés comme les chefs d’oeuvre de Toriyama, mais il n’y a pas cette distinction dans l’oeuvre originale.

📖 Les 42 volumes ont été traduits dans plus de 40 langues, et vendus à plus de 300 millions d’exemplaires. Le magazine Shonen Jump au Japon, publié à 6 millions d’ex. par semaine, a chuté de plus d’1 million d’ex. à la fin de la série.

🎮 C’est aussi la fiction la plus adaptée en jeu vidéo de l’histoire. 150 jeux vidéo ont été recensés depuis 1986, dont des franchises à succès mondial comme Budokai, Tenkaichi, Xenoverse et FighterZ.

📺 Mais c’est la série animée culte de Toei Animation, diffusée dès 1986 pour la jeunesse qui a généré le plus d’engagement. Elle a été regardée par des centaines de millions de jeunes spectateurs.

Remarque : dans le manga papier, la progression de l'histoire est plutôt rapide et rythmée, mais elle est beaucoup plus lente dans l’animé Dragon Ball Z. C’est parfois insupportable. Certains combats peuvent durer jusqu’à 20 ou 30 épisodes ! Pourquoi? Cette modification du rythme s'explique par la nécessité de ne pas rattraper la trame du manga, dont la publication était plus lente que celle de la série animée.

Diffusé à partir du 24 décembre 1990 dans le Club Dorothée en France, le dessin animé censuré à cause de sa violence. L’arrêt définitif de la diffusion en 1996 a été obtenu par Ségolène Royal car les anime feraient « l’apologie du meurtre et du héros violent ». Le 28 mai 1991, le CSA oblige TF1 à s’excuser en prime time. Lire : “Mort d'Akira Toriyama : quand la génération des "boomers" en France s'opposait à la diffusion de "Dragon Ball"

🎬 Un film américain en live action est sorti en 2009 (Dragon Ball Evolution), mais ce fut un échec critique majeur, considéré comme un contre-exemple absolu d’adaptation.

Les fans autour du monde

Dragon Ball est un phénomène mondial. De l’Amérique latine à l’Asie du Sud-Est, la licence est omniprésente dans la pop culture. Cosplays, forums, fanfictions, musiques remixées, chorégraphies de fusion, vidéos, célébrations de footballeurs… Tout y passe. Le subreddit r/dbz compte 1,6 million de membres. Des dizaines de Youtubeurs (TeamFourStar, Gohanverse, MasakoX…) commentent, parodient et prolongent l’univers chaque semaine. Le phénomène est particulièrement vivant dans les univers proches du sport et de la musique.

👉 On estime que 100 millions de fans dans le monde interagissent activement avec la franchise, d’autant que les trentenaires et jeunes quarantenaires transmettent déjà l’oeuvre à leurs jeunes enfants. Ce qui annonce une deuxième génération de fans.

Cell, l’un des premiers grands méchants de Dragon Ball

Vers un futur Disney? En mars 2024, la Qiddiya Investment Company, basée en Arabie Saoudite, a annoncé qu'elle construirait le premier parc à thème au monde dédié à l’univers. Le parc Dragon Ball s'étendra sur plus de 500 000 mètres carrés. Tout indique que la vie de la franchise sera encore longue !

Pour aller plus loin

🎧 Dragon Ball, le plus français des mangas japonais ? Podcast plutôt pointu sur France Culture dans l’émission “Sans oser le demander”, avec Bounthavy Suvilay, maîtresse de conférences en littérature japonaise à l’Université de Lille.

🎧 "Dragon Ball", l'alpha et l'oméga du manga - Podcast plus fun sur France Inter dans l’émission “Blockbuster” avec Glénat.

🎧 1984 - "Dragon Ball"- sur France Inter dans Zoom Zoom Zen - Nov 2024

📰 La mort d’Akira Toriyama, l’autodidacte du manga qui voulait juste dessiner ce qui lui plaisait, Le Monde, mars 2024

🖌️ Les 10 planches les plus géniales dans le manga Dragon Ball (en anglais)

🖌️ Les plus grands méchants de Dragon Ball (en anglais)

Et plein d’autres choses, partagez nous vos plus belles trouvailles !

Le test du Cosmograph

Mais quelle est la place du territoire dans l’œuvre ? L’analyse cosmographique de Maxime Blondeau permet d’en mesurer la profondeur écologique grâce à la méthode des Trois Sphères (découvrir le détail ici)

🌍 GÉOSPHÈRE — Une géographie fragmentée mais intense

La carte du monde de Dragon Ball.

L’univers de Dragon Ball propose une géographie imaginative et dynamique, structurée par une toponymie forte (Kame House, Tour de Karin, Namek, Capsule Corp) et des lieux emblématiques qui deviennent des repères narratifs. Si la cartographie globale reste floue et souvent incohérente, sur terre ou dans l’espace, la diversité des environnements naturels — montagnes, océans, déserts, villes flottantes — participe pleinement à l’action. Des logiques géopolitiques émergent à travers des conflits territoriaux (Ruban Rouge, Freezer, Babidi), et certains lieux sont investis de dimension sacrée ou stratégique. En revanche, la conscience des sols, du climat ou du temps géologique est absente. Malgré tout, l’envie de voyager dans cet univers est manifeste, grâce à son éclectisme visuel et son goût pour l’aventure. Les collines sont quand même surtout là pour être éclatées.

🌱 BIOSPHÈRE — Le vivant est un décor

Dans Dragon Ball, le vivant est omniprésent, mais rarement thématisé pour lui-même. On y trouve une grande variété de biomes — forêts, montagnes, îles tropicales, planètes extraterrestres — et une diversité d’espèces (humains, animaux parlants, Nameks, Saiyans), souvent traitées avec humour et fantaisie. Quelques animaux sont brièvement représentés, mais ni la vie végétale ni la vie marine ne sont réellement explorées. La question du transhumanisme ou de la biotechnologie est superficiellement abordée, mais la santé des écosystèmes, l’écologie ou les liens entre environnement et bien-être restent complètement absents. Le monde vivant est une toile de fond foisonnante, mais sans prise de conscience écologique réelle.

🤖 TECHNOSPHÈRE — Une technologie spectaculaire et fun

La technosphère de Dragon Ball est l’un de ses ressorts les plus puissants au début : véhicules volants, capsules miniaturisées, salles dimensionnelles, androïdes ou dispositifs de téléportation qui bouleversent l’espace, le temps et la puissance des personnages. La technologie est source d’émerveillement et d’innovation, notamment à travers les figures de Bulma ou du Dr Gero. Elle pose parfois des dilemmes bioéthiques (corps modifiés, clones, hybridation), et elle est clairement instrumentalisée par des pouvoirs politiques autoritaires. Cependant, aucune réflexion n’est menée sur la sobriété, la réparation ou le numérique. L’univers technologique est riche, mais il est traité comme une extension magique du monde, sans tension morale profonde ni gouvernance. Il n’y a pas de vraie réflexion sur ce thème.

Avis général :

Dragon Ball est un monde fascinant par sa diversité formelle mais assez pauvre en conscience écologique. Pourquoi? Parce qu’il a été imaginé pour valoriser la vraie force de l’oeuvre : les personnages et leur évolution. L’univers naturel est donc un décor, littéralement une arène. Toriyama propose une géographie ludique, une technosphère amusante et une biosphère anecdotique. C’est une œuvre riche en énergie, fascinante, mais déconnectée de la physique du réel.

Si vous aimez Dragon Ball

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🌀 Pourquoi ? Sorti en 2025, c’est le film d’animation le plus rentable de l’histoire du cinéma. Son histoire est tirée du même univers, celui du roi singe. Son esthétique s’inscrit nettement dans les traces de Toriyama. Même parcours initiatiques, mêmes combats épiques, explosions de puissances, amitiés forgées dans le feu et le sang. Un monde plus divin que martial, mais avec autant de dépassement de soi… et de rivalités légendaires.

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Pourquoi ? Récit initiatique et apprentissage de la force. Même goût de l’aventure sans fin, des épreuves, des pouvoirs qui explosent les cadres. C’est plus cérébral que Dragon Ball, mais on y retrouve la même énergie imprévisible.

Notre exploration du jour s’achève ici. Nous espérons qu’elle vous a plu ! Des suggestions pour les prochaines semaines ? Les temples des Chevaliers du Zodiaque? Les mondes d’Aldébaran? Les forêts de Mononoké ?

Notre promesse est simple : chaque semaine, un nouveau monde ✨

Prenez soin de vous, et de votre imagination !